1ère partie

LA PERTE DE LA VUE 



A - DIFFÉRENTES FAÇONS DE DEVENIR AVEUGLE


Dans le monde, plus de 285 millions de personnes souffrent d'une déficience oculaire soit environ 4 % des personnes vivant dans le monde ; sur cette partie de la population, 14 % sont aveugles soit près 39 millions des personnes ayant un problème visuel et 1/20e de la population mondiale.


Tout d'abord, le terme de cécité vient du latin caecitas qui signifie perte de la vue et désigne le fait d’être dépourvu d'une acuité visuelle suffisante pour distinguer nettement les formes, et par conséquent d’être obligé de porter un dispositif de correction de la vision. Un autre cas, la cécité totale, à laquelle nous allons nous intéresser plus particulièrement, est, elle, le fait de ne pouvoir distinguer aucune forme, même avec un dispositif de correction de la vision et donc de devoir se comporter comme une personne dépourvue de ce sens.

Une personne malvoyante est considérée aveugle à partir du moment où elle a une acuité visuelle inférieure à 1/20e.


Il existe de très nombreuses façons de perdre de la vue. Que cela soit à la suite d’une maladie, lors d’un accident, après un traumatisme, ou encore qu’elle soit de naissance, la cécité peut apparaître de bien des manières… 

De nos jours, dans les pays développés peu de gens sont aveugles de naissance. Car la cause principale de cécité à la naissance est due au fait que les bébés naissent prématurément et sont mis en couveuses qui sont trop oxygénées et abîment la rétine des enfants. Mais depuis une dizaine d’années, le taux d’enfants prématurés a fortement diminué ce qui fait baisser le taux d’aveugle à moins de 10 % en France. Soit 60 000 d’aveugles sur 1,2M de malvoyants.

En premier lieu, il existe plusieurs types de cécité, dont :

  • La cécité clinique : c’est une cécité complète par mise hors d’état de fonctionnement de l’organe visuel
  • La cécité pratique : c’est une cécité incomplète obligeant l’individu à se comporter comme un aveugle  

Nous nous intéresserons principalement à la cécité clinique ; étant totale, elle va permettre le développement des autres sens…

La cécité clinique peut être causée par plusieurs facteurs, le principal étant pathologique. Dans le cas de ces maladies, la perte de la vue peut être progressive ou instantanée. Les maladies les plus fréquentes touchant la vision et pouvant conduire à la perte totale de celle-ci sont le trachome et la cataracte.


Le trachome est une infection oculaire bactérienne, de fait très contagieuse. Cette maladie touche au départ la paupière, et en l’absence totale de traitement, évolue vers des lésions cornéennes irréversibles pouvant mener à la cécité.





La cataracte, causée par l’âge, représente une opacification du cristallin qui ne laisse donc plus passer la lumière ; cela a pour conséquence une vue brouillée et un dérèglement des repères. 




Il existe d'autres formes de maladies dites "cécitantes" comme la rétinopathie diabétique, maladie causée par une forme de diabète non soignée, et qui représente des lésions des vaisseaux capillaires de la rétine, pouvant causer une déficience visuelle profonde.



Celle-ci peut être partielle ou totale. Mais une fois de plus nous nous intéresserons uniquement à la cécité totale.

Aujourd’hui nous n’étudierons pas les causes neurologiques de la perte de la vue. En effet, si la cause touche à l’œil même ou au nerf optique, elle ne s’attaque pas forcement au cortex visuel situé à l’arrière du crâne dans le lobe occipital. Au contraire, par causes neurologiques on entend généralement une dégénérescence ou encore un atrophie du cortex visuel, que celle-ci soit causée par un traumatisme ou une maladie. Dans ces cas une réutilisation de l’aire visuelle est inconcevable.




B - LE DEVENIR DE L'AIRE VISUELLE APRES LA CÉCITÉ  




A l’arrivée de la cécité, de nombreux changements s’opèrent dans le cerveau. Dans un premier temps, l’individu nouvellement aveugle ne va plus utiliser son cortex visuel, présent dans le lobe occipital ; en effet cette zone du cerveau n’étant consacrée qu’au traitement de l’information visuelle, elle se retrouve sans utilité lorsque son possesseur perd la vue.






Dans ces conditions, généralement et uniquement si la cécité est absolue, l’aire visuelle va s’atrophier, n’étant plus utilisée. 
Vont alors s‘opérer des changements dans le cerveau de l’individu. 
L’aire visuelle n’étant plus utilisée elle va pouvoir être exploitée à d’autres fins. En effet les autres sens peuplant le cerveau vont pouvoir utiliser cette zone afin de devenir plus performants. L'aire visuelle est donc destinée à d'autres buts et cette modification de l'utilisation du cortex est appelée plasticité neuronale.



Autrement dite plasticité cérébrale, c’est le fait que de nouvelles synapses soient créées entre les neurones. Un être humain est incapable de synthétiser des cellules neuronales ; en effet, à la naissance, le bébé présente un nombre donné de neurones et ne fera qu’en perdre tout au long de sa vie. La création de nouvelles synapses est en revanche possible, d’où notre capacité à apprendre et enregistrer des informations, des gestes ainsi que des langues… 


VOCABULAIRE :



pathologie/que : se dit de ce qui se rapporte aux signes d'une maladie, ou de ce qui relève de l'étude des maladies et des changements de structures de l'organisme.




s'atrophier : l'atrophie correspond à la diminution de volume ou de taille, plus ou moins importante d'un membre, d'un organe ou d'un tissu, d'origine pathologique ou physiologique (contraire : hypertrophie).



plasticité neuronale/cérébrale : ensemble des manifestations qui traduisent la capacité de certains neurones à se modifier ou se remodeler au long de sa vie. Exactement le fait pour les neurones de créer de nouvelles synapses pour changer les connexions neuronales. (axon/dendrites)


synapse : site de communication entre deux cellules nerveuses, endroit où un signal nerveux est transmis d'une cellule nerveuse à une autre. La fente synaptique est la discontinuité existant entre les cellules.



neurologie/que : ensemble des troubles dus à une atteinte des nerfs, de la moelle épinière, du cerveau, etc... constituant le système nerveux .






acuité visuelle : aptitude des yeux à distinguer deux points se trouvant à une grande distance (environ 5 m), se calculant en dixième ; l'acuité normale se situe à 10/10e.